vendredi 20 juin 2008

Eloge de la faiblesse

C'est le titre du premier livre d'Alexandre Jollien. Après un séjour de plusieurs années dans une institution spécialisée pour personnes handicapées moteur cérébral, il a étudié dans une maison de commerce puis s'est intéressé à la philosophie.
Dans cette société, où l'on a de plus en plus tendance à exclure le différent, l'étranger, l'autre, on peut s'accorder une heure pour lire ce livre (101 p.) qui permet d'avoir un autre regard sur les adultes en "poussette", sur la dissemblance.
C'est un récit autobiographique sous la forme d'une correspondance entre l'auteur et Socrate.
Il ne s'agit pas de fuir le handicap mais d'essayer de "tenir debout" malgré la souffrance. Ce livre n'est pas une apologie de cette dernière mais n'a pas non plus une vision doloriste. Il y a un peu d'humour qui permet de mettre à distance l'épreuve, mais ne débarrasse pour autant des blessures.
Alexandre Jollien montre un combat de chaque jour pour effectuer des gestes que des personnes valides font sans y penser. Il évoque à un moment donné un "escargot qui traverse l'herbe sous le regard intrigué, dégoûté presque, de l'enfant qui joue dans le parc" et il ajoute "mes camarades et moi, nous étions cet escargot". Malgré l'humour, on trouve malgré tout des souvenirs amers envers certains éducateurs de l'institution.

Il faut prendre conscience qu'il n'y a jamais d'acquis définitifs dans l'existence. Attention au regard de réification dont parle Sartre, celui qui consiste à réduire l'autre au rang de chose ; il convient d'avoir un regard qui accorde la priorité à autrui.

Aucun commentaire: