lundi 18 février 2008

Saburo Teshigawara

Bones in pages

Début de la soirée, musique tonitruante, assourdissante. Nous étions encore dans un noir absolu ; puis la lumière dévoile une tête : tête en plastique, posée là, immobile ! La scène s'éclaire du côté gauche seulement et on aperçoit sur un mur ce qui semble être des morceaux de bois et qui sont en fait des livres ouverts. La tête est celle de Saburo Teshigawara qui est assis. Il est immobile puis ses mains bougent sur une table qui semble contenir des morceaux de verres brisés. Les mouvements des mains produisent des reflets sur le mur de livres. S.T commence à danser, parfois avec une série de gestes désynchronisés, certaines parties de son corps bougent alors que d'autres restent totalement immobiles. La lumière arrive peu à peu au milieu de la scène et on voit un cube en plastique transparent sur lequel une main bouge . Une main ? Non, la lumière devient plus forte et on s'aperçoit que c'est un corbeau. Là mon intérêt s'est mis à grandir non pas seulement au niveau de la chorégraphie mais également pour l'installation et la mise en scène ). Cet oiseau est resté sur ce cube durant une bonne partie du spectacle. La scène s'est enfin éclairée complètement :
partie gauche et au fond, les étagères de livres, au milieu 2 cubes de verres avec dans chacun une moitié de table et un fauteuil, à droite des objets par terre qui à ce moment là sont pour moi indéfinissables.
S.T continue à danser, prend des livres, les remet, souffle sur les pages, fait voltiger des feuilles de papier. La musique a changé et est devenu plus classique. Il danse au milieu des cubes et là plus aucun son. Un silence absolu qui dure et met certains mal à l'aise (toux, raclements de gorge, etc). Noir absolu. S.T a disparu (mais où ?) et une jeune femme a pris sa place au fond de la scène. Solo de la danseuse qui va disparaître aussi brutalement, puis à droite, un autre danseur est là faisant voltiger ce qui parait à la lumière être des braises répandues par terre et qui sont en réalité ...des chaussures alignées. Un solo très violent, le danseur semble porter un masque sur la figure, tellement ses traits sont figée. Puis S.T prend le relais et finira la danse avec le corbeau sur une main, l'oiseau battant des ailes pour l'accompagner.

La danse est sculpture. Sculpture de l'air, sculpture de l'espace, sculpture du temps...
Supposons un corps, puis un autre. Entre eux, il y a l'air
Ce qu'on voit dans l'air, la plus neuve et pourtant la plus ancienne des
matières,
telle est la question.
Dans cette installation
Livres, chaussures et divers objets
Des choses qui s'évanouissent
D'innombrables, d'invisibles lignes de regards
Des vies évanescentes
Vous, os évanescents
Vous respirez
Les livres respirent au sein des pages
Les livres que vous lisez sont des corps en mouvement
Vos os dansent au sein des pages
Les livres sont soulagés lorsque, du souffle, vous ouvrez les pages
Les pages sont des vies
Des vies silencieuses

Saburo Teshigawara

18 novembre 2005

© photo de Bengt Wanselius

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