« Les victimes d’Auschwitz sont, par excellence, les délégués auprès de notre mémoire de toutes les victimes de l’histoire ». Paul Ricœur, Temps et récit. III. Le Temps raconté, Ed du Seuil, 1985
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Anonyme
a dit…
"Je reviens d'un autre monde dans ce monde que je n'avais pas quitté et je ne sais lequel est vrai dites-moi suis-je revenue de l'autre monde? Pour moi je suis encore là-bas et je meurs là-bas chaque jour un peu plus je remeurs la mort de tous ceux qui sont morts et je ne sais plus quel est le vrai de ce monde-là de l'autre monde là-bas maintenant je ne sais plus quand je rêve et quand je ne rêve pas."
Cet autre poème de Charlotte Delbo. Je n'en donne qu'un extrait
Prière aux vivants pour leur pardonner d’être vivants
Vous qui passez bien habillés de tous vos muscles un vêtement qui vous va bien qui vous va mal qui vous va à peu près vous qui passez animés d’une vie tumultueuse aux artères et bien collée au squelette d’un pas alerte sportif lourdaud rieurs renfrognés, vous êtes beaux si quelconques si quelconquement tout le monde tellement beaux d’être quelconques diversement avec cette vie qui vous empêche de sentir votre buste qui suit la jambe votre main au chapeau votre main sur le coeur... la rotule qui roule doucement au genou comment vous pardonner d’être vivants... Vous qui passez bien habillés de tous vos muscles comment vous pardonner ils sont morts tous Vous passez et vous buvez aux terrasses
Si cet autre extrait qui me semble le plus important :
je vous en supplie faites quelque chose apprenez un pas une danse quelque chose qui vous justifie qui vous donne le droit d’être habillé de votre peau de votre poil apprenez à marcher et à rire, parce que ce serait trop bête à la fin que tant soient morts et que vous viviez sans rien faire de votre vie.
- "Vous direz qu'on peut tout enlever à un être humain sauf sa faculté de penser et d'imaginer. Vous ne savez pas. On peut faire d'un être humain un squelette où gargouille la diarrhée, lui ôter le temps de penser, la force de penser. L'imaginaire est le premier luxe du corps qui reçoit assez de nourriture, jouit d'une frange de temps libre, dispose de rudiments pour façonner ses rêves. A Auschwitz, on ne rêvait pas, on délirait."
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"Je reviens d'un autre monde
dans ce monde
que je n'avais pas quitté
et je ne sais
lequel est vrai
dites-moi suis-je revenue
de l'autre monde?
Pour moi
je suis encore là-bas
et je meurs là-bas
chaque jour un peu plus
je remeurs
la mort de tous ceux qui sont morts
et je ne sais plus quel est le vrai
de ce monde-là
de l'autre monde là-bas
maintenant
je ne sais plus
quand je rêve
et quand
je ne rêve pas."
Charlotte Delbo, déportée politique à Auschwitz.
Cet autre poème de Charlotte Delbo. Je n'en donne qu'un extrait
Prière aux vivants pour leur pardonner d’être vivants
Vous qui passez
bien habillés de tous vos muscles
un vêtement qui vous va bien
qui vous va mal
qui vous va à peu près
vous qui passez
animés d’une vie tumultueuse aux artères
et bien collée au squelette
d’un pas alerte sportif lourdaud
rieurs renfrognés, vous êtes beaux
si quelconques
si quelconquement tout le monde
tellement beaux d’être quelconques
diversement
avec cette vie qui vous empêche
de sentir votre buste qui suit la jambe
votre main au chapeau
votre main sur le coeur...
la rotule qui roule doucement au genou
comment vous pardonner d’être vivants...
Vous qui passez
bien habillés de tous vos muscles
comment vous pardonner
ils sont morts tous
Vous passez et vous buvez aux terrasses
Si cet autre extrait qui me semble le plus important :
je vous en supplie
faites quelque chose
apprenez un pas
une danse
quelque chose qui vous justifie
qui vous donne le droit
d’être habillé de votre peau de votre poil
apprenez à marcher et à rire,
parce que ce serait trop bête
à la fin
que tant soient morts
et que vous viviez
sans rien faire de votre vie.
Charlotte Delbo :
- "Vous direz qu'on peut tout enlever à un être humain sauf sa faculté de penser et d'imaginer. Vous ne savez pas.
On peut faire d'un être humain un squelette où gargouille la diarrhée, lui ôter le temps de penser, la force de penser. L'imaginaire est le premier luxe du corps qui reçoit assez de nourriture, jouit d'une frange de temps libre, dispose de rudiments pour façonner ses rêves.
A Auschwitz, on ne rêvait pas, on délirait."
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