"Vu de l'extérieur donc vers l'intérieur, son tourbillon correspond à l'arbitraire des pensées, qui se vaporisent et se mettent en boule si elles n'ont pas encore assez de poids pour tomber avec la constance particulière aux mots.
Rien ne pousse le regard, tant que la neige ne l'a pas accaparé, à supposer déjà à travers ses gestes estompés une sorte de récit.
Seul le désespoir, peut-être, vient à sa rencontre et c'est ce qui me fait chercher, avec son vacillement, un accord.
Mais à peine dehors, donc dans la neige, tous les détails s'embrouillent et s'échangent dans le plaisir et la colère qu'elle prend à supprimer les bordures de pierre, envahir les carrefours, faire de la ville un désert.
En même temps elle pénètre et se fait conteuse, elle se pose sur la corniche des façades, tourbillonne autour du tram, étouffe le silence des unes, le vrombissement de l'autre, dans une ville devenue alors étrangère.
A cette irruption soudaine fait suite, lentement, le calme d'un accord et bientôt je marche, tel un peut-être Russe, sur ses chemins étroits , contournant les amoncellements le long des voies enneigées [...]
Finalement elle embourbe les rues et j'entends l'obsession qui n'est plus la sienne, le hurlement des moteurs et des pneus qui tournent à vide, dérapent."
Michael Donhauser in "Action poétique, n°166, Poètes autrichiens d'aujourd'hui", p.14, traduction de Florence Hetzel, Siegfried Schopper, Michelle Grangaud.
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