samedi 11 octobre 2008

Le couvre-lit bleu




Un homme sans nom, sans âge décide d'écrire des histoires intimes au milieu de la nuit pour une petite fille nouvellement née. Il doit décider s'il garde ou non l'enfant de sa sœur morte après son accouchement. Il lui narre donc afin qu'elle sache d'où elle vient, par l'intermédiaire de récits fragmentés, sa propre vie : son père alcoolique qui bat femme et enfants, le souvenir fugitif de sa mère devant un lavabo, l'amour interdit avec sa sœur sous un couvre-lit bleu.
Le narrateur qui conte ainsi d'une manière accélérée son enfance, est aussi attentif à tous les bruits qui l'entourent et qui risquent de réveiller ce bébé : le frottement du papier, le bruit du frigidaire, le robinet qui goutte.
Ce premier roman séduit par une atmosphère feutrée dévoilant a contrario des actes violents, de superbes tableaux comme celui du quartier la nuit sous la neige et surtout par une manière d'écrire très originale qui m'a rappelé "Le dieu des petits riens" d'Arundhati Roy.

"Nous nous rendrons dans tous ces lieux, je te tiendrai par la main, nous ouvrirons toutes ces pièces qui doivent être ouvertes, mot par mot, phrase après phrase. Je garderai certaines pièces fermées jusqu'à ce que les choses soient mûres, j'en entrouvrirai d'autres, juste de quoi te permettre de jeter un oeil. Et, parfois, sans ouvrir la porte, nous imaginerons ce qu'il y a derrière. Un meurtre, un cri, un mouchoir rouge qui tombe, comme dans les films." (p.17)

"Lis cela une fois, relis-le une deuxième fois, une troisième. Reviens-y quand tu auras le temps. lis attentivement, puis imagine, sens, écoute les sons qui s'en dégagent. Si tu deviens peintre, fais-en un tableau. C'est fugace, fugitif"
. (p.75)

Raj Kamal Jha, Le couvre-lit bleu, Gallimard, trad. de l'anglais par Céline Zins

Le Couvre-lit bleu est le premier roman de Raj Kamal Jha, éditeur à l'Indian Express et résidant à New Delhi.

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