Chant du bronze
Il faut que le cœur se brise
ou se bronze. Le mien s'est
métallisé au creuset
des saisons. Grimace apprise,
larmes qui coulez en paix,
à d'autres ! Je me repais
de douleurs plus raffinées.
L'art de souffrir, science innée,
me fut au berceau tendu.
J'en retins plus que mon dû.
J'en appris le bon usage.
J'interdis à mon visage
la douce pitié, le frais
émoi. Mon cœur minerai
connut le soufflet des forges.
Son cri me nouait la gorge.
Je pleurai - gouttes de plomb.
Mais à présent que le long
apprentissage s'achève
que j'ai le brillant du glaive,
sa courbe, sa dureté,
que, pour votre sûreté,
muscle ardent, je vous protège
d'un pur métal, ah ! dussé-je
l'inscrire en letttres de feu
sur ma porte, je ne veux
plus de vous, mon cœur, pour maître. [...]
Liliane Wouters, Changer d'écorce (poésies 1950-2000), éd. La Renaissance du livre, 2001, p.43
Lire un autre poème de Liliane Wouters ici
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