lundi 20 décembre 2010

Changer d'écorce




Chant du bronze


Il faut que le cœur se brise
ou se bronze. Le mien s'est
métallisé au creuset
des saisons. Grimace apprise,
larmes qui coulez en paix,
à d'autres ! Je me repais
de douleurs plus raffinées.
L'art de souffrir, science innée,
me fut au berceau tendu.
J'en retins plus que mon dû.
J'en appris le bon usage.
J'interdis à mon visage
la douce pitié, le frais
émoi. Mon cœur minerai
connut le soufflet des forges.
Son cri me nouait la gorge.
Je pleurai - gouttes de plomb.
Mais à présent que le long
apprentissage s'achève
que j'ai le brillant du glaive,
sa courbe, sa dureté,
que, pour votre sûreté,
muscle ardent, je vous protège
d'un pur métal, ah ! dussé-je
l'inscrire en letttres de feu
sur ma porte, je ne veux
plus de vous, mon cœur, pour maître. [...]

Liliane Wouters, Changer d'écorce (poésies 1950-2000), éd. La Renaissance du livre, 2001, p.43

Lire un autre poème de Liliane Wouters ici

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