dimanche 26 décembre 2010

Lumière d'hiver

Muet. Le lien des mots commence à se défaire
aussi. Il sort des mots
Frontière. Pour un peu de temps
nous le voyons encore.
Il n'entends presque plus.
Hélerons-nous cet étranger s'il a oublié
notre langue, s'il ne s'arrête plus pour écouter ?
Il a affaire ailleurs.
Il n'a plus affaire à rien.
Même tourné vers nous,
c'est comme si on ne voyait plus que son dos.

Dos qui se voûte
pour passer sous quoi ?

Philippe Jaccottet, À la lumière d'hiver, Ed Poésie/Gallimard, p.19

2 commentaires:

pommereinette a dit…

les poèmes récents de Jaccottet sont beaux mais pas à conseiller aux déprimés ou à ceux qui, comme lui, souffre du mal de l'âge .... :-)
et pourtant, je les lis : ils expriment tellement bien ce que je ressens ......

JEA a dit…

Dos que l'on traque.
Dos l'on voudrait attacher au mât d'une foire populiste...