© Anne Bregeaut, pages de l'Odyssée coupées
"Voici un couple royal, Ulysse et Pénélope. Oh leur royaume n'est pas grand - une trentaine de foyers, un village de taille moyenne. Des chèvres dans un enclos (il n'est pas question de poules, sans doute n'avaient-elles pas encore été domestiquées), la reine fabrique du fromage et tisse des tapis, pardon, des tapisseries... Il est vrai qu'elle est d'une bonne famille, son oncle occupe un poste de roi, et sa cousine est cette fameuse Hélène qui a déclenché la plus féroce des guerres de l'Antiquité. À propos, Ulysse aussi faisait partie des prétendants à la main d'Hélène, mais - c'était un petit malin ! - il avait pesé le pour et le contre, et avait épousé, non la plus belle des femmes, non la superstar d'une moralité douteuse, mais la bonne ménagère Pénélope, qui, jusqu'à un âge avancé, a enquiquiné tout le monde avec sa fidélité conjugale ostentatoire et déjà démodée pour l'époque. Et cela, alors que lui, qui était célèbre pour ses "fables ingénieuses" et capable d'en remontrer aux dieux pour ce qui était de la ruse et de la fourberie (comme en atteste Pallas Athéna en personne), faisait semblant de rentrer chez lui."
Ludmila Oulitskaïa, Mensonges de femmes, Trad. du russe par Sophie Benech, Ed Gallimard, 2007
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