vendredi 28 novembre 2008

Perdu le paradis

Cette lettre est ancienne mais j'ai décidé de la remettre sur ce blog

Bonjour,
Tu me demandes souvent quel est le dernier livre que j'ai lu et aimé ?
Aujourd'hui, j'ai décidé de te détailler mon voyage avec Cees Noteboom et son livre Perdu le paradis.
Au départ, je me suis retrouvée dans un petit avion, un Dash. Tu ne connais pas ? Moi, non plus (un dash, c'est un avion civil qui transporte des passagers mais sert aussi à lutter contre les incendies. Je te signale que c'est dans ce genre d'avions que l'on a reconduit les étrangers en situation irrégulière. Bon, je n'insiste pas, ce n'est pas mon propos, ni celui de Cees Nooteboom).
Dans cet appareil, le narrateur essaie d'apercevoir le titre du livre d'une passagère. Impression étrange et voulue que cette voyageuse tient le même livre que je te raconte en ce moment.
À peine sortie de l'aéroport, sans crier gare, je me retrouve au Brésil avec Alma et Almut. Toi aussi, ces deux prénoms te déconcertent ? Non, ce ne sont pas des sœurs jumelles mais deux amies d'enfance d'origine allemande. L'une a eu un traumatisme et porte une ombre en elle ; l'autre est pleine de vitalité, ironique. Elles étudient l'histoire de l'art. Alma, la Renaissance et toute sa volière, Almut, l'Art moderne et ses morceaux de corps. Leur rêve commun est de partir en Australie. Le narrateur les débarque donc dans ce pays et moi avec.
Alma, lors d'une exposition de peintres arborigènes, se retrouve devant une toile monochrome noire où elle distingue ensuite des myriades de points minuscules. La notion de Dreaming est importante dans cet art mais comment traduire ce mot ? "Rêvement?". Bien entendu Alma tombe amoureuse de cette peinture et accessoirement du peintre. A t-elle enfin trouvé son paradis ? Tu apprendras que l'on peut se régaler de maku et de tjara. N'importe comment tu as un lexique à la fin du livre. Comme il faut gagner sa vie, Alma et Almut vont participer à un festival de littérature , l'Angel Project, où elles doivent se déguiser en anges. En ce moment, les anges me poursuivent dans les livres. Comment cela , c'est un cygne ? Ah pardon : un signe. Rigole, va ! N'empêche, cette histoire de festival m'avait troublée. Tu me connais, j'ai tripoté le livre dans tous les sens, regardé la date d'édition, l'illustration de la couverture et puis sur la première page, avant la dédicace, j'ai trouvé cela en tout petit : " … L'Angel Project a bel et bien eu lieu à Perth en l'an 2000 mais ce n'est peut-être pas l'année où se situe cette histoire". Bingo ! Tu sais ce que j'ai trouvé ? Une metteuse en scène, Déborah Wagner a tenté, il y a quelques années, à Londres, en Australie puis à New York, une expérience intitulée The Angel Project, une sorte d'antithéâtre, puisqu'il n'y avait ni texte, ni lieu de théâtre. Il va falloir retenir son nom pour aller voir son travail (en Australie ? Pourquoi pas?).
Je suis donc installée inconfortablement avec Alma en ange dans un placard et hop, le narrateur m'entraine à la suite de Erich Zondag, critique littéraire qui démoli systématiquement les mandarins de la littérature néérlandaise comme Mulish, Claus, Wolkers, Nooteboom (Comment ? non, non je ne me suis pas laissée entraîner, il y a bien Nooteboom. L'auto-dérision, tu connais, n'est-ce pas ?) Erich Zondag est d'après sa copine Anja, le roi de l'ajournement. Il se retrouve en Autriche pour une cure thermale et qui reconnait-il parmi le personnel de cette station ? Alma qu'il avait vu déguisée en ange en Australie. Tu penses que je t'ai raconté le livre ? Bien sûr que non : j'ai laissé dans l'ombre le plus intéressant.
Bon, on en reparle quand tu l'as lu, d'accord ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

De Jacques Bonnet :
- "La bibliothèque est ce qui se rapproche le plus du paradis terrestre."