dimanche 17 août 2008

Les chats

En visionnant le film d'Alain Resnais, Je t'aime, Je t'aime, j'ai souri à une réplique tout à fait savoureuse ; du pur Jacques Sternberg (scénariste du film). J'ai trouvé cette citation sur le blog de son fils Lionel Marek :

“Au commencement, Dieu créa le chat à son image. Et, bien entendu, il trouva que c'était bien. Ce qui prouve qu'il avait une très bonne opinion de lui-même car ce n'était pas si bien que cela.
En effet, le chat ne voulait rien faire. Il était paresseux, renfermé, taciturne, économe de ses gestes et, de plus, extrêmement buté. C'est alors que Dieu eut l'idée de créer l'homme. Uniquement dans le but de servir le chat, de lui servir d'esclave jusqu'à la fin des temps. Au chat, il avait donné l'indolence et la lucidité ; à l'homme, il inocula la névrose de l'agitation, le don du bricolage et la passion du travail intensif. L'homme s'en donna à cœur joie. Au cours des siècles, il édifia toute une civilisation fondée sur l'invention et la production, la concurrence et la consommation. Civilisation fort tapageuse qui n'avait en réalité qu'un seul but secret: offrir au chat le confort, le vivre et le couvert.
C'est dire que l'homme inventa des millions d'objets inutiles, généralement absurdes, tout cela pour produire parallèlement les quelques objets indispensables au bien-être du chat : le radiateur, le coussin, le bol, le plat de sciure, le filet du pêcheur breton, le couteau à hacher la viande, la moquette ou le tapis, le panier d'osier et peut-être aussi la radio puisque les chats aiment bien la musique.
Mais, de tout cela, les hommes ne savent rien. A leurs souhaits. Bénis soient-ils. Et ils croient l'être. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes des chats.”

Extrait des 188 contes à régler, éd Denoël, 1988

2 commentaires:

JC-Milan a dit…

Comme quoi le Monde a bien une finalité :)

Amaryllis a dit…

Oui, il fallait juste y penser !