Est-ce que nous vivons dans le monde
ou dans son absence ? Dans le passé
ou dans son refus ? Dans la peine
ou dans son dépassement ?
Choisis le privilège d’aimer.
Choisis le regard sans distances
qui te conduira au cœur des choses
choisis l’enfance trop lucide
jamais le Savoir complice.
Est-ce que nous vivons dans le songe
ou dans sa déchirure ?
Dans l’asservissement ou dans son
rejet ? Dans la vérité ou dans l’oubli ?
Choisis le privilège d’aimer.
Choisis. Aime la vérité intérieure
des êtres, jamais leur Désir factice.
Alain Suied, Le pays perdu, Ed Arfuyen, p.15
3 commentaires:
C'est triste un poète qui s'efface.
Faire connaître l'oeuvre d'Alain Suied toutes affaires cessantes semble essentiel .
Les mots pour le dire,la sincérité au fond de l'âme,le regard rivé sur les soubresauts de l'actualité: c'était cela le poète disparu.
L'ami du loin
Alain Suied, tous l'ignorent, était conseiller à l'ANPE. Il menait une double vie, doit-on dire vie double, dans le doublement d'une personnalité vorace de silence, mais toute tournée vers la relation avec l'autre. N'était-ce pas l'objet de son travail : aider les personnes en recherche d'emploi, ou en recherche de sens. Là-dessus, il aurait eu son mot à dire, son mot ou plutôt sa parole, parole "pour laisser une trace-une trace de qui s'évade sans fin-ou sans recours."
D'un coin de table, dans l'obscurité d'un même silence, d'une après-midi neutre où s'effacent les heures, je rends hommage à cet inconnu que je découvre et dont la parenté emplit l'abscence.
Olivier BOUIKA
Il fallait traverser la nuit
il fallait éprouver, aux lèvres
le goût amer de l’injustice
il fallait connaître l’impossible
de toute connaissance
il fallait ressentir, au cœur
la misère de tous les êtres
pour dire le mystère de l’absence.
Il fallait traverser la nuit
pour rencontrer la grandeur
menacée du jour, la vérité
transitoire du vivant.
Il fallait traverser la nuit
sur le radeau de l’innocence
pour chanter, à l’aube, la joie
glacée de vivre, à chaque instant
la naissance de toute lumière.
Alain Suied, le pays perdu p.22
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