Frôlements
Chaque chose est bornée par une ligne nette
qui pourtant reste tangente à quelque autre.
Le tronc est corseté dans son écorce
qui lui fait ressentir les vents les pluies.
Le poisson est blindé dans ses écailles
qui lui laissent entendre le bruit des vagues.
La mer est enfermée dans ses contours
dont elle peut toucher le rivage assoiffé.
Cousue dans une peau de femme et grâce à elle
j’ai le pouvoir de découvrir plaies et caresses.
C’est à la faveur de nos propres limites
que nous dominons notre contact avec le monde.
Et plus nous serons illimités
plus il nous adviendra d’être seuls.
Blaga Dimitrova in revue Europe n°700-701, adapté du bulgare par Jacques Gaucheron
"Les frontières, ça veut dire « ferme les yeux ». Quelqu’un t’a fermé les yeux, a essayé de fermer ton cœur, a essayé de fermer tes sentiments à ce qui t’entoure. C’est cela que signifie la frontière pour moi. »
C'est par ce témoignage que débute le film de Robin Hunzinger,Closing your eyes, que je viens de voir. C'est un film documentaire sur trois villes palestiniennes, un film sur trois formes d’enfermement et d’étouffement : Naplouse, Hébron, Qalqilyah.
On y voit aussi une girafe aux yeux grand ouverts, au regard d’une infinie tristesse... terrible métaphore.
Des extraits sur le site de La Revue des ressources
1 commentaire:
Il est vraiment magnifique ce poème...
Et cett réflexion sur les limites et les frontières m'inerpelle beaucoup...
Cela m'évoque L. Gaudé dans Eldorado qui écrit:
"Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes."
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