© Jean Rustin
Une vraie gourde. J'ai failli passer à côté de l'écriture de Chloé Delaume. Se prénommer Chloé aurait dû me mettre la puce à l'oreille ; on ne choisit pas ce prénom en toute innnocence. Moi, j'ai seulement retenu auto-fiction. Auto-fiction ? Une de plus, encore ! Bien sûr je suis allée voir ailleurs où l'herbe était verte et avec des histoires sans "je".
Heureusement, j'ai regardé les Mots de Minuit et elle était présente. Et là… mais c'est intéressant ce qu'elle raconte. Le lendemain, par curiosité, j'achetais "le cri du sablier" en édition Folio. Depuis je manque d'air. Comment fait-elle pour faire de telles phrases ? Allez, un exemple au hasard :
" […}Combien de temps dura. Juste celui je crois d'essorer pour toujours les moindres putatifs qui serpillaient en moi. La classique gestation du fertile utérus remonté œsophage quand le cœur dans la gorge obstrue la voix geignante du fœtus endeuillé. Le chiffre est évident. Les adultes à l'époque auraient dû y penser. Le cochon plus les nains moins un pris au hasard. Je hais les chiffres pairs[…]".
Oui, je sais hors du contexte, vous ne comprenez rien ! mais si vous lisez le livre, c'est clair.
Comment raconte t-on le meurtre de la mère par le père puis le suicide de ce dernier, tout cela devant une enfant de 10 ans ? Avec rage mais sans tomber dans le pathos de mauvaise haleine. En déconstruisant les phrases, en n'employant pas de ponctuation et en utilisant brusquement des alexandrins.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire