dimanche 22 mai 2011

Le coing

Vincent van Gogh, nature morte aux coings

LE COING

"Au premier abord il ressemble plutôt à une poire, il a un duvet velouté et on s'attend à une pulpe douce, un plaisir juteux.
Beaucoup de morsures et de baisers, siroter et bécoter, c'est ce qu'il donne à flairer, ce à quoi il aspire.
En fait, il est dur, non comestible, plutôt du bois qu'un fruit, une pomme de terre.
On peut s'accommoder de cette tromperie, et le placer sur l'armoire pour respirer à nouveau son odeur, sa soif.
Il répand abondamment sa promesse, absorbant même les mauvaises odeurs ou rumeurs.
Mais pour le rendre comestible, il faut le couper en tranches minces et le faire cuire, le réduire par cuisson, le sucrer.
Et finalement cette marmelade n'accomplit qu'approximativement la promesse du coing lorsqu'il était encore fruit."


Michael Donhauser in Action Poétique n°166, "poètes autrichiens d'aujourd'hui", p. 13.

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