vendredi 15 octobre 2010

L'âpreté de la vie

© Jiri Kolar

"Et d'abord je ne m'inquiète de l'avis de personne lorsque je gratte mes grattements : si le papier est assez lisse et l'encre assez coulante, j'écris. Le monde va et les nuages caracolent, encore un peu de givre à la presque-mai ; quelques tulipes jaunes me font du jaune dans la tête. Alors je voudrais bavarder comme bavardent les tulipes : muettement;" (p.9)

"J'écris ce livre parce que je ne sais plus écrire. J'écris ce livre pour réapprendre à écrire. Je dois écrire ce livre pour être capable de nouveau, un jour peut-être, d'écrire. Ce livre n'est pas un livre. J'écris ce livre comme si c'était un livre. J'écris ce livre parce ce que je ne suis plus capable de rien d'autre. Je voudrais, un jour, être capable d'écrire. [...] (p.33)

"Qu'ai-je su d'elle, qu'a-t-elle su de moi ? Je ne le saurai jamais" (p.207)

« Le taiseux fait mots de toute part. Ne parle pas mais écrit. Parce qu'il y a la mort, j'écris la vie. Parce qu'il y a la femme morte, j'écris l'amour de la femme. Je dis des choses simples, simplement. Je dis et je redis faire l'amour. Pas insatisfait, mais inassouvi. Faut pas me compter parmi les gens normaux ». (p.220)

Jiri Kolar avait un jour dit à Ludovik Vaculik : "si tu n'arrives plus à écrire, alors écris ce qui t'empêche d'écrire"

Lambert Schlechter, Le silence inutile- Pieds de mouche 2, Editions Phi, 1992

Vous pouvez écouter également ici, un extrait d'un autre livre de Lambert Schlechter

Cette phrase me revient tout à coup : "il ne faut pas laisser la mort grignoter le vivant", phrase prononcée par Claude Chabrol à Isabelle Huppert mais est-ce possible ?

1 commentaire:

ptilou a dit…

Allez on s'accroche à son stylo ! avec un moral de stylo Bic !