Le rôdeur de mots
J.-B. Pontalis rôde autour des mots et cette fois-ci c’est sur "ombre" qu’il s’attarde. Rien d’étonnant à ce qu'il flâne sur ce terme, lui qui aimerait que l’on donne comme définition du psychanalyste "l’allumeur de réverbères". Que trouve-t-on comme mot dans réverbère ? Celui de rêve. Pour Freud "le rêve n’est pas un dessin mais un rébus".
Rêver, c’est aussi rêver des morts et pour combler l’absence, en faire de la littérature, à l’instar de Jacques Roubaud, Christan Bobin, Louis-René Desforêts, par exemple. Mais peut-on s’arranger avec les morts ? On cherche en tous cas une issue (c’est toute la question du film de Pascale Ferran "Petits arrangements avec les morts").
On peut également refuser l’ombre et là nous avons un paragraphe éclairant sur Mondrian, lors d’une exposition de ses tableaux au Musée d’Orsay qui s’intitulait "les chemins de l’abstraction", que l'auteur interprète comme "s’abstraire à la chair" après s’être documenté sur ce peintre.
Pour faire cette traversée des ombres, Pontalis s'est accompagné d'écrivains (Shelley, Hofmannsthall, von Chamisso, Stevenson, Kafka...), de philosophes (Platon, Sartre, Merleau-Ponty...), d’historiens et de peintres qu’il a lus ou vus attentivement.
Ce livre dense donne envie de poursuivre soi-même cette recherche sur l’ombre et la lumière.
Jean-Bertrand Pontalis, Traversée des ombres, éd Gallimard
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