mardi 31 juillet 2007

Un lundi noir

Le cinéaste suédois Ingmar Bergman est mort à l'âge de 89 ans dans sa maison de l'île suédoise de Farö, lundi 30 juillet 2007.

Du coup, je me suis souvenue de mon travail de présentation sur Le Septième sceau.



La première version du film est théâtrale, une pièce en un acte intitulée “Peinture sur Bois”.
Bergman disait :
“J’ai toujours fait du théâtre, j’ai toujours eu envie d’écrire des pièces de théâtre, ce n’est donc pas étonnant que certains de mes films soient des pièces de théâtre masquées.” Ici l ’action se déroule en une journée et une nuit ce qui peut-être considéré comme une convention théâtrale.


A l’origine de l’imagerie du Septième sceau, les souvenirs d’enfance de Bergman, qui accompagnait son père allant prêcher à la campagne ; il était fasciné par les fresques d’église, dont celle de Täby, près de Stokholm, peintes par Albertus Pictor au XVe siècle et par les chants de Carmina Burana, “ces chants de route des années de peste et de guerre, quand les gens sans foyers se regroupaient en immenses hordes et parcouraient les pays”.


L’action du film se situe au Moyen-age, lorsque les croisés désenchantés revenant en Suède découvraient les ravages de la peste noire. Chaque personnage possède son double antagoniste : le chevalier Antonius Block, idéaliste et romantique ( Max von Sydow) est accompagné de son écuyer Jöns (Gunnar Björstrand) raisonneur et cynique ; Jof et Mia, les amoureux qui échappent aux griffes de la mort trouvent leur réplique dans le couple formé par le stupide forgeron Plog et sa femme très délurée eux aussi étroitement liés ; la fille silencieuse sauvée par Jöns dans un village déserté est la réplique de la pauvre créature accusée d’être une sorcière.

De même, les thèmes centraux sont structurés de manière antagoniste :

- la foi s’oppose à l’athéisme
- la mort à la vie
- l’innocence à la corruption
- la lumière au ténèbres
- la comédie à la tragédie
- l’espoir au désespoir
- la vengeance à la magnanimité
- le sadisme à la souffrance


Dans une séquence célèbre du film, la radieuse Mia (Bibi Anderson) fait goûter au chevalier errant, quelques fraises sauvages, métaphore de la nature retrouvée et récompense d’une courte halte, au cours d’une quête sans objet. Ces fruits magiques, donnent leur titre au film suivant de Bergman, Les fraises sauvages en 1957

L’atmosphère fantastique du Septième Sceau évoque le classique du réalisateur du cinéma muet Victor Sjöström, La charrette fantôme.


Il est paradoxal que Bergman ait été encensé comme le chef de fil révolutionnaire du cinéma moderne dans un film où il rendait un hommage à l’inspiration mystique des pionniers du cinéma muet.
La fable du Septième sceau qui exprime des angoisses contemporaines dans un symbolisme médiéval fut tournées dans des conditions draconiennes imposées par un budget de misère. Ce film fut tourné seulement en 36 jours.

Ainsi la ronde de mort qui termine le film fut improvisée en fin de journée avec des touristes qui dansèrent sans avoir la moindre idée de ce qu’ils faisaient !


Il n’y a pas de miracle chez Bergman qui est persuadé comme Freud que la foi est une névrose. Le chevalier affirme : “il faut que nous nous fassions une image de notre peur et cette peur nous l’appelons Dieu".


Bergman a défini Le Septième sceau comme un oratorio dans lequel de nombreuses voix posent la même question : quel est le sens de la vie ?

PS : Le réalisateur italien Michelangelo Antonioni est mort à Rome à l'âge de 94 ans, le même jour qu'Ingmar Bergman

2 commentaires:

chantalserriere a dit…

Merci beaucoup pour cette plongée au coeur de Bergman.

Amaryllis a dit…

Merci Chantal. J'ai décidé de couper mon texte qui était bien trop long pour une lecture sur écran.