dimanche 27 avril 2008

"Le cul de Judas"



J'avais déjà lu un livre d'Antonio Lobo Antunes, N'entre pas si vite dans cette nuit si noire, un titre inspiré par la poésie de Dylan Thomas. Son écriture m'avait impressionnée. Mais il m'a fallu une attention soutenue pour ne pas en perdre le fil.
Quand La Maison de la Poésie a mis à l'affiche le spectacle Le cul de Judas ; le roman d'Antunes adapté et interprété par François Duval, je me suis précipitée pour y assister.
La scène est recouverte de tapis orientaux (évoquant la Splendeur du Portugal, autre livre d'Antunes) sur lequel se déplace l'acteur.
C'est le monologue d'un homme face à une femme invisible tard le soir dans un bar … ou peut-être dans un appartement.
Médecin militaire envoyé en Angola de 1971 à 1973, il raconte, entre plusieurs lampées de whisky, son cauchemar dans ce trou pourri et paumé.
La voix de François Duval nous emporte dans ces souvenirs de sale guerre où passent désespoir, dégoût, rage entremêlés parfois d'humour noir.


" Ecoutez. Regardez-moi et écoutez, j’ai tellement besoin que vous m’écoutiez […] écoutez-moi, tout comme moi je me suis penché sur l’haleine de notre premier mort dans l’espoir désespéré qu’il respirât encore… "

" … janvier se terminait, il pleuvait, et nous allions mourir, nous allions mourir et il pleuvait, il pleuvait, et assis dans la cabine de la camionnette, à côté du chauffeur, le béret sur les yeux, la vibration d’une infinie cigarette à la main, j’ai commencé mon douloureux apprentissage de l’agonie. "

" … au fond, c’est notre propre mort que nous craignons en vivant celle des autres, et c’est face à elle et par elle que nous devenons docilement des lâches." »

"…Je me suis levé pour aller voir la lune-pierre-ponce sur la plaine et soudain m’est venu à l’esprit le sourire de Gagarine à son retour. Quel sourire ferai-je en retournant chez moi ? Ai-je demandé à haute voix ? »


Avec un décor minimaliste, des tapis, une chaise, un drap, François Duval donne une interprétation époustouflante de ce texte d'Antonio Lobo Antunes

D'autres commentaires sur ce spectacle :

Enthousiaste

Beaucoup moins


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