En évoquant Véronique Olmi, je me suis souvenue avoir écrit quelques notes sur deux de ses livres sur le forum littéraire Zazieweb. Je les reprend ici :
Bord de mer est le premier roman de Véronique Olmi. C'est le monologue d'une mère en marge de la société. C'est elle qui parle et on voit tout d'après son regard : le car qu'elle prend avec ses deux enfants, l'hôtel sordide, la pluie continuelle, la scène du café.
Dans ce livre, rien n'est désigné. On ne sait ni le nom de la mère, ni le lieu où elle se trouve. Même l'hôtel n'a pas d'enseigne. Le personnage se trouve confronté à un monde où il ne fait pas beau dans tous les sens du terme. C'est une mère livrée à la solitude, la pauvreté et l'angoisse. On la sent dériver. Véronique Olmi est d'abord une dramaturge et cela se remarque dans la structure de son texte : unité de lieu, d'action, de personnages.
C'est un livre bouleversant, qui nous dérange dans nos certitudes.
Véronique Olmi, Bord de mer, Actes Sud
Fanny est le numéro 6 d'une famille. La dernière, celle qui n'était pas attendue voire même refusée, "la queue de la comète".
Comme dans son premier roman, on est face à une parole intérieure. Mais cette fois-ci, c'est une femme de cinquante ans qui montre sa détresse face à un père qui n'éprouve que de l'indifférence à son égard. Elle aimerait être reconnue, ne pas être transparente mais son père centenaire s'emmêle, confond les prénoms de ses enfants, ne la voit toujours pas. Fanny se souvient de son enfance, à l'ombre de ce père bourré de certitudes. Ce n'est que par l'intermédiaire de ses lettres lorsqu'il était un jeune poilu, qu'elle peut se sentir proche de lui, car il y livre ses peurs, ses cauchemars.
Ce livre féroce est aussi une critique du mode de vie d'une famille catholique qui détruit la vie de certains de ses enfants. "On ne se remet jamais de son enfance" écrit Véronique Olmi vers la fin de son livre. Elle sait révéler comme personne les plaies intimes et cachées, tout cela avec beaucoup de pudeur et d'émotions.
"On ne fait que croiser ses parents. On partage un temps de vie avec eux, on s'en va, puis on se souvient. Et on les rappelle.
C'est un privilège de te voir vieillir. Une souffrance et un privilège. C'est ça aussi, la vie, ce qui s'amenuise, ce qui s'en va, doucement, douloureusement." (p. 101)
Véronique Olmi, Numéro Six, Actes Sud
2 commentaires:
Avec un certain recul, puisque j'ai lu ces deux livres, je préfère de beaucoup "numéro six" à "bord de mer".
Dans le premier, l'attitude de la narratrice m'intéresse : faite d'affection, mais aussi d'un sentiment de revanche, elle sort des clichés.
"Bord de mer",par contre, frôle de très près le mélodrame, à mes yeux :-).
En fait Rotko, je vois bien" Bord de mer" en pièce de théâtre. Mélodrame, non je ne trouve pas , un drame de la vie quotidienne, simplement et malheureusement
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